Je vais vous aider à améliorer votre BP financier
Je reçois des business plans comptables le plus souvent des fois. Rien d’anormal, vous me direz. Et si !
En me fournissant le résultat annuel sur 3 à 5 ans, vous m’indiquez bien sûr le chiffre d’affaires, les charges année après année.
Je vois que la première année, vous prévoyez de faire un résultat de -150, puis -80 la deuxième, que la troisième année serait quasiment à l’équilibre avec + 8 … etc.
Avec ceci, j’ai une vision comptable, et encore incomplète. Une vision compte de résultat, ou P&L.
Pour améliorer cette vision, vous avez deux informations complémentaires à donner :
- Les investissements (ou encore immobilisations comptables ou encore CAPEX) prévus chaque année
- Les délais d’encaissement et de décaissement
Avec ces deux points, vous avez déjà gravi au moins quatre à cinq marches d’une échelle de votre BP.
1° Les investissements
Les marques, les brevets, les machines, les terrains, les outils, les serveurs … etc sont des immobilisations. Et vous devez les payer ! Et pour cela, il faut très souvent chercher de l’argent à l’extérieur pour pouvoir payer.
2° Les délais d’encaissement et de décaissement
C’est un peu plus compliqué à comprendre. Quand votre société envoie une facture à un client, celui-ci ne va pas payer cette facture de suite. Généralement, il se passe 30 jours avant qu’il vous paie, voire davantage car il a oublié (et là vous devez le relancer !).
De même lorsque vous recevez une facture d’un fournisseur, vous ne le payez pas de suite. Vous attendez le terme du délai de paiement, disons 30 jours.
Bien sûr, dans la vie réelle, la chronologie des factures envoyées et celle des factures reçues ne sont les mêmes : il est possible que des sommes d’argent qu’on vous doit soient encaissées (sur le compte bancaire de votre société) avant que votre société n’ait à payer les sommes qu’elle doit. Mais l’inverse est tout à fait possible : des sommes d’argent à décaisser avant que des sommes d’argent soient encaissées. En réalité, chaque jour des sommes sortent et des sommes rentrent.
Ce mécanisme d’entrée et de sortie d’argent crée soit un besoin (entrées < sorties), soit un excédent (entrées > sorties).
90% des sociétés du CAC 40 ont un excédent. Pour elle, la vie est belle (en termes de trésorerie). Mais la plupart des TPE, PME et ETI ont un besoin.
Mais et car il y a un mais … pendant qu’il y a ce besoin, votre entreprise continue sa vie : elle doit payer les salaires des employés, les charges sociales, fiscales.
Si vous n’avez pas prévu la trésorerie nécessaire pour faire face à ces charges salariales, fiscales, sociales et bien d’autres qui arrivent très vite, votre entreprise est dans une très mauvaise situation.
Ce besoin a un nom : le besoin en fonds de roulement. Pour les initiés, le BFR. Et ce BFR vous devez le financer, en d’autres termes, vous devez avoir la trésorerie d’avance (c’est simplifier mais c’est cela).
Il se calcule comme ceci :
encaissements qu’on me doit – décaissements que je dois
Je continue avec une notion plus complexe : la variation du BFR.
En effet, le BFR est un besoin à un moment T. En fait, chaque jour, chaque demi journée, chaque heure, il y a un BFR car les encaissements et les décaissements se font continuellement (davantage vrai pour une grosse société qu’une TPE).
Comme il y a un BFR pour chaque instant, vous pouvez comparer l’évolution de ce BFR entre deux instants : est-ce que ce besoin à augmenter ou baisser ?
Cette augmentation ou cette baisse est une variation qu’un financier interprète :
- soit comme de la trésorerie (qui rentre ! ça fait un peu pléonasme) lorsque la variation entre deux instants indique une baisse du BFR
- soit comme un besoin lorsque la variation entre deux instants indique une hausse du BFR
Deux exemples vous parleront davantage :
Le 29/02/2024, le BFR de ma société est de 200 : on me doit 200 de plus que je ne dois.
Le 31/03/2024, le BFR est de 300.
La variation est de : 300 – 200 = 100.
Ma société a un besoin de 100 de plus que par rapport au 29/02/2024.
Envisageons le cas suivant :
Le 29/02/2024, le BFR de ma société est de 200 : on me doit 200 de plus que je ne dois.
Le 31/03/2024, le BFR est de 100.
La variation est de : 100 – 200 = -100.
Ma société a une trésorerie de 100 de plus que par rapport au 29/02/2024.
Ce mécanisme n’est pas simple à comprendre lors d’une première lecture. Il exige de poser le crayon et d’y réfléchir (et de se refaire expliquer s’il le faut).
Pourquoi je vous parlais des investissements et du BFR ?
Mon (long !) propos débouche sur une idée importante et qui fera peut être la différence lors de la présentation de votre BP :
le résultat annuel n’est pas suffisant pour déterminer le montant du financement dont vous avez besoin. S’il y a deux phrases à retenir de ce texte, celle-ci en est une !
Il importe d’établir un tableau qu’on appelle tableau de flux de trésorerie et qui se présente ainsi (simplifié ici, je vous épargne les dotations et l’IS)
Résultat annuel
– Investissements
+ou- Variations du BFR
= flux de trésorerie
Toujours en simplifiant, le résultat annuel correspond à la richesse que votre entreprise a crée lors d’une année (notez au passage que si le résultat est négatif, elle ne crée pas de richesse, voire elle en détruit).
Ce résultat est un élément comptable.
Cependant, les investisseurs qui sont aussi des financiers souhaitent avoir une information financière (notez que je suis passé d’un résultat que je qualifie de comptable à une information que je qualifie de financière).
Cette information financière, votre entreprise lui fournit en prenant en considération en plus du résultat annuel, les investissements et … attention ici … NON PAS le BFR à un moment donnée … mais la VARIATION du BFR (la différence entre deux BFR d’une période à l’autre).
C’est la deuxième phrase à retenir de cet article.
En faisant ainsi, j’obtiens un FLUX de TRESORERIE.
C’est sur la base de ce flux souvent négatif les deux à trois premières années que vous pourrez déterminer le montant du financement nécessaire. Et surtout PAS à partir du résultat annuel.
En revanche, même si cela ne se voit pas sur votre BP, il faudra qu’à partir d’une année, ce flux devient positif.
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Si vous avez lu jusqu’ici, bravo ! Ensuite, sachez que ce n’est pas à vous de calculer tout cela. En revanche, vous devez comprendre l’esprit du calcul, notamment de connaître les éléments que vous devez fournir à la personne qui va faire les calculs pour vous :
- vos projets d’investissement
- les délais d’encaissement et de décaissement que vous considérez. En prenant en considérant que selon votre activité et surtout en suivant la Loi, il existe plus ou moins des délais de référence.