Déléguer, ce n’est pas ne pas connaître
Cet article est en réaction à ce que m’a raconté une “connaissance de travail”, lui-même, choqué par la réaction de son client.
Son client est le Président d’une société d’une trentaine de personnes. Autant dire que cette personne ne chôme pas et a des journées très occupées.
Alors que la situation de l’entreprise semble bonne, il a fait appel à un consultant pour faire une analyse stratégique et financière de son entreprise. Car il se pose des questions sur le fonctionnement et la situation réelle de sa société.
Lors d’une réunion entre le président et le consultant, ce premier a répondu au consultant qui lui faisait remarquer qu’en tant que président de la société, il devait avoir des connaissances en gestion et en finance :
“Non, pas besoin, moi ce qui m’intéresse c’est le chiffre d’affaires. Le reste, c’est mon équipe qui s’en occupe.”
Certes, s’il s’est entouré d’une directrice commerciale, d’un DAF, d’un responsable de production … etc, ce n’est pas pour que lui fasse le travail de son équipe ! Certes, il n’a pas à avoir dans les moindres détails les connaissances nécessaires pour vendre les produits, gérer la comptabilité ou encore régler une machine pour produire tel ou tel produit.
Cependant, et pour prendre un exemple dans mon champ de compétences, il me parait nécessaire qu’il ait des connaissances sur :
- Ce qu’est un BFR
- la distinction entre le cash et la facturation clients ou fournisseurs
- ce qu’est la rentabilité économique … etc
Bien sûr, ce n’est pas le rôle du président de calculer un BFR, de faire un budget de trésorerie. Cependant, s’il n’a pas la connaissance de ce qu’est un BFR, de comment est construit un budget de trésorerie, ne serait-ce (euphémisme) pour comprendre la situation de sa société, il prend LE risque de prendre les mauvaises décisions au moment opportun.
Tout président a bien sûr des prédispositions, des intérêts sur des domaines précis de sa société. Un président qui a été nommé après avoir occupé le poste de directeur commercial a certes une bien meilleure connaissance des aspects commerciaux.
Si j’extrapolais à mon cas personnel, venant de la gestion et de la finance :
si je devais prendre la direction d’une société de production, par exemple, de produits vétérinaires, je m’intéresserais à comprendre la chaine de production, à comprendre les produits et comment ils sont vendus. En somme, bien sûr que je ne deviendrais pas pharmacien de médicaments pour les chats, je n’aurais pas les compétences pour vendre les produits. Mais je ne pourrais pas ne pas savoir “comment l’entreprise fonctionne”.
La personne qui donne le plus de délégation à son équipe est le président.
En forme de boutade, on dit parfois que le chef d’atelier connait mieux la société que le président; que celui-ci, grosso modo, connait moins de 10% de ce que se passe dans sa société.
Je ne connais pas plus le contexte qui a conduit à la réponse de ce président. Peut-être qu’il ne s’intéresse pas qu’au chiffre d’affaires. Et je l’espère !
Car, selon moi, manager au plus haut niveau de la hiérarchie nécessite bien sûr de déléguer les tâches à des subalternes mais c’est aussi comprendre et encore plus avoir intégré comme des éléments essentiels de réussite de sa direction un ensemble de connaissances dans de nombreux domaines spécifiques de l’activité de sa société.
Je suis certain que la plupart, voire la très grande majorité des dirigeants partagent ce point de vue et, au-delà, l’appliquent au quotidien.