Elon Musk, la Némésis de Tesla : atout ou poison pour les actionnaires ?
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Elon Musk, la Némésis de Tesla : atout ou poison pour les actionnaires ?
Avec ses tweets compulsifs, le multi dirigeant à la tête de plusieurs entreprises du secteur des hautes technologies casse les codes de la communication financière. Alors, du point de vue des financiers, Elon Musk est-il un atout ou un poison pour Tesla ?
On ne compte plus les frasques d’Elon Musk sur Twitter. En juin dernier, il évoquait les pertes financières dues à l’installation de deux nouvelles « gigafactories » à Austin (Texas) et à Berlin en des termes équivoques. Pour le patron de Tesla, ces usines seraient de « gigantesques four à fric qui n’émettent qu’un seul son : celui du fric qui crame. » En 2018, il postait sur Twitter une menace à peine déguisée à l’encontre des salariés des usines Tesla désireux de se syndiquer. Tout forme d’organisation collective serait sanctionnée par une liquidation des titres de la société. Un peu plus tard cette même année, il apparaissait visiblement sous influence du cannabis dans le podcast populaire du très controversé Joe Rogan. Une séquence qui a par la suite fait le tour d’Internet et a certainement valu à Musk des remontrances de la part de ses équipes de communication.
Un dirigeant qui casse les codes de la communication financière, mais à quel prix ?
Elon Musk brise avec fracas les codes du monde policé de la communication financière. Pour nous les financiers, tout l’enjeu est de parvenir à faire parler les chiffres d’une manière qui rassure les actionnaires. Musk, lui, ne s’embarrasse pas de la langue de bois !
Alors même qu’il est la personnification des entreprises qu’il dirige (a-t-on seulement une idée du nom du directeur financier de Tesla ?), Musk embarrasse autant qu’il enthousiasme. Ses sorties en 240 caractères ont parfois un impact direct sur la valorisation des titres de ses entreprises, comme ce fut le cas le 29 septembre dernier quand l’action Tesla a brutalement dévissé. Ce jour-là, la baisse du cours de l’entreprise était certainement due à la publication, la veille, d’une prévision négative sur les résultats de Tesla pour le Q4 de l’année 2022. L’entreprise connaît en effet des difficultés pour remplir ses objectifs de livraison de véhicules, dans un contexte où les tensions liées à l’approvisionnement en semi-conducteurs ne cessent d’impacter sa capacité de production.
Les difficultés de Tesla sont largement dues au contexte économique et géopolitique mais, lorsque le cours de l’action Tesla plonge, on peut légitimement se demander si ce n’est pas aussi la conséquence de la personnalité du dirigeant de l’entreprise et de son style de communication. Car toutes les sociétés technologiques plongent, mais Tesla plonge plus que les autres.
Musk vs actionnaires : un rapport de force complexe
On ne le répètera jamais assez, la confiance est la clé de voute de tout le système financier. Elon Musk perdra-t-il un jour la confiance de ses actionnaires, lassés de ses tweets compulsifs et de son manque apparent de tempérance ? Il est difficile de répondre à cette question aujourd’hui. Mais risquons-nous tout de même à ébaucher des hypothèses basées sur une analyse strictement financière de la structure de son actionnariat.
Pour avoir une photographie exacte de la position de Musk par rapport à ses actionnaires, il faut s’intéresser au flottant, c’est-à-dire le pourcentage des parts de l’entreprise qui peuvent changer de main sur les marchés. Si le flottant est faible, alors Musk peut prendre des risques de communication car son capital ne pourra pas changer de main du jour au lendemain. Si le pourcentage du flottant est élevé, alors il est plus exposé à un revirement des actionnaires. Ces derniers peuvent à tout moment prendre peur et vendre leurs actions par crainte de perdre l’argent investi. Cette hypothèse illustre l’une des règles d’airain de la finance : le prix d’une action est la prévision de la valeur d’une action dans le futur. Or la communication d’une entreprise fait partie intégrante de sa capacité à s’imposer comme leader dans un secteur donné.
Je me risque enfin à une dernière hypothèse. Et si Tesla n’était, finalement, qu’un outil de communication au service des autres sociétés de Musk ? Ce dernier n’hésite pas à mettre en scène ses véhicules, comme lors du lancement de l’une de ses fusées SpaceX en 2018 qui contenait un véhicule Tesla Roadster à son bord. Cette hypothèse relance le débat autour de la personnalité controversée d’Elon Musk : est-il un génie ou tout simplement un escroc ?, comme le suggère le bandeau de l’enquête d’Olivier Lascar, en ce moment en librairies.
Elon Musk, Tesla’s nemesis: asset or poison for shareholders?
With his compulsive tweets, the multi-manager at the head of several companies in the high-tech sector breaks the codes of financial communication. So, from the point of view of financiers, is Elon Musk an asset or a poison for Tesla?
We no longer count the escapades of Elon Musk on Twitter. Last June, he referred to the financial losses due to the installation of two new “gigafactories” in Austin (Texas) and Berlin in ambiguous terms. For the boss of Tesla, these factories would be “gigantic money ovens that emit only one sound: that of burning money. In 2018, he tweeted a thinly disguised threat to Tesla factory workers who wanted to unionize. Any form of collective organization would be sanctioned by a liquidation of the shares of the company. Later that same year, he appeared visibly under the influence of cannabis in the popular podcast of the highly controversial Joe Rogan. A sequence that subsequently made the rounds of the Internet and certainly earned Musk reprimands from his communication teams.
A leader who breaks the codes of financial communication, but at what cost?
Elon Musk shatters the codes of the civilized world of financial communication. For us financiers, the challenge is to make the numbers speak in a way that reassures shareholders. Musk, he does not bother with the language of wood!
Even as the personification of the companies he runs (any idea who Tesla’s CFO is?), Musk embarrasses as much as he excites. Its 240-character releases sometimes have a direct impact on the valuation of the securities of its companies, as was the case on September 29 when Tesla shares suddenly fell. That day, the company’s share price decline was certainly due to the publication, the day before, of a negative forecast on Tesla’s results for Q4 of the year 2022. The company is indeed experiencing difficulties to meet its vehicle delivery targets, in a context where tensions related to the supply of semiconductors continue to impact its production capacity.
Tesla’s difficulties are largely due to the economic and geopolitical context, but when the Tesla share price plunges, one can legitimately wonder whether it is not also the consequence of the personality of the company’s leader and his communication style. Because all technology companies are sinking, but Tesla is sinking more than the others.
Musk vs shareholders: a complex balance of power
We can never repeat it enough, trust is the keystone of the entire financial system. Will Elon Musk one day lose the trust of his shareholders, tired of his compulsive tweets and his apparent lack of temperance? It is difficult to answer this question today. But do we still risk sketching hypotheses based on a strictly financial analysis of the structure of its shareholding.
To have an exact picture of Musk’s position in relation to his shareholders, we must look at the free float, that is to say the percentage of the company’s shares that can change hands on the markets. If the float is low, then Musk can take communication risks because his capital will not be able to change hands overnight. If the percentage of the free float is high, then it is more exposed to a reversal of the shareholders. The latter can take fright at any time and sell their shares for fear of losing the money invested. This assumption illustrates one of the iron rules of finance: the price of a stock is the forecast of the value of a stock in the future. A company’s communication is an integral part of its ability to establish itself as a leader in a given sector.
Finally, I venture on one last hypothesis. And if Tesla was, ultimately, only a communication tool at the service of other Musk companies? The latter does not hesitate to stage his vehicles, as during the launch of one of his SpaceX rockets in 2018 which contained a Tesla Roadster vehicle on board. This hypothesis revives the debate around the controversial personality of Elon Musk: is he a genius or just a crook?, as suggested by the banner of Olivier Lascar’s investigation, currently in bookstores.